C’est une excellente nouvelle que je viens d’apprendre : désormais, les contrôles d’identité se doivent d’être filmés dans 23 zones de sécurité prioritaires en France. Les policiers et gendarmes sont munis de quelques 2600 caméras portatives. L’on compte notamment parmi ces sites des ZSP du Paris intra muros, en petite et grande couronne, tout comme des départements tels que les Alpes-Maritimes.
Ce n’est encore qu’un test, qui prendra fin dans un an. Mais c’est à mon sens un pas dans la bonne direction. Ce dispositif est utilisé depuis un bout de temps chez nos voisins, et a clairement confirmé son importance. Le but de ces enregistrements est d’apaiser la relation lors d’une intervention : les fonctionnaires peuvent ainsi montrer qu’ils ont agit selon les règles, et les personnes contrôlées peuvent fournir la preuve en cas de bavure. Le dispositif est donc en principe utile à tout le monde. Au passage, ce système devrait permettre de faire l’impasse sur les rapports écrits, ce qui réduit énormément la partie administrative.Au terme de cette expérimentation, policiers et gendarmes fourniront au ministre de l’Intérieur un rapport pour mesurer l’incidence de ce système sur le bon fonctionnement des interventions. Si ce dispositif est validé, des affaires comme celles du jeune Théo à Aulnay-sous-Bois devraient donc appartenir au passé. Cela devrait apaiser pas mal les tensions entre les policiers et les habitants ! Ceci dit, le policier peut oublier de déclencher le dispositif au moment d’intervenir. Mais je doute qu’un policier puisse être aussi distrait…
La misère du journalisme politique
Depuis quelques années, notre consoeur Natacha Polony fustige le journalisme politique qui tend à ressembler au commentaire sportif. Jamais elle n’aura eu autant raison qu’à l’occasion de ce débat. Tout y était. Pour ma part, j’étais sur France 2 et j’ai eu l’impression dès le début qu’on allait assister à la finale de coupe du monde. L’arrivée des joueurs au stade. Ouf, ils n’avaient pas leur casque sur les oreilles, les supporters n’aiment pas ça. La reconnaissance de la pelouse, c’est important. Les allers-retours avec le plateau, et les consultants qui nous expliquent qu’un tel a de l’avance sur l’autre au classement. Que le second doit « tout donner » pour faire son retard. On s’enquiert de la forme des joueurs.On s’interroge sur le rythme du match qui s’annonce. Viril ? Musclé ? Attentiste ? Un petit tour vers les reporters présents parmi les supporters des deux équipes. L’ambiance est là. Cela manque tout de même de drapeaux et de cornes de brume. Retour sur le plateau. Le vieux consultant FOG est là qui analyse le jeu des deux protagonistes. Si FOG est là, c’est que le match est sérieux. Du niveau d’un Brésil-Allemagne. Mais le débat commence, et on est déçu… Presqu’aussi ennuyeux que le premier match. Les équipes sont défensives. Quelques tacles virils mais corrects. L’avant-match nous avait promis une finale de coupe du monde, et on a droit à un Créteil-Belfort. D’un coup, on prend l’envie d’aller à la buvette. Et on épargne le résumé du match au lecteur. Parce qu’il va lire ce texte certainement de bon matin, et qu’il ne faut pas le rendormir. On en arrive donc à l’après-match. Des reporters partout, encore une fois. Au bord du terrain, pour recueillir les impressions des joueurs. Ont-ils le sentiment d’avoir bien joué ? Tel Didier Deschamps, ils esquivent les questions et font montre de langue de bois. Et retournent aux vestiaires. Formidable scoop : l’un des reporters parvient à obtenir la réaction de l’épouse d’un des deux joueurs vedettes. Isabelle a apprécié le jeu d’Alain, on s’en doute. Retour plateau. On refait le match, mais manque Eugène Saccomano. Il faut bien reconnaître que Nathalie Saint-Cricq n’a pas les qualités de l’ancien commentateur de RTL et Europe 1. Qui a bien joué ? Qui a gagné ? FOG cause tactique. Il appelle ça « méthode » mais c’est de la tactique. On en arrête là. On se demande si tous ces gens sont conscients du ridicule de leur mise en scène. Sont-ils dupes ? Qu’on se rende compte ! La moitié d’un journal télévisé, la suppression de « Parents mode d’emploi » qui a peiné ma fille cadette, pour un débat qui concerne quatre millions de personnes alors que 41 millions d’électeurs ont dédaigné cette primaire dimanche dernier. Ils vont faire quoi, lorsque ce sera la vraie finale de la vraie élection présidentielle, en mai prochain ? Prendre l’antenne à huit heures du matin ? Accompagner les joueurs dans leur échauffement ? Les interroger depuis leur salle de bain ? Aligner les débats à quatre, à cinq, à sept commentateurs en plateau, jusqu’au soir ? Suivre les véhicules des finalistes avec motos sous les vivas des supporteurs ? Sont-ils à ce point conscients du dédain qu’inspire la politique aujourd’hui, pour oser mise en scène si consternante ? Poser cette question, c’est y répondre. Le journalisme politique et le journalisme sportif ont aujourd’hui complètement fusionné.