L’impact des filières syro-irakiennes est sans commune mesure avec ce que les autorités avaient connu jusqu’ici. A l’ampleur du phénomène djihadiste et l’accélération des départs sur zone au cours des années 2013-2014 a répondu la massification de la radicalisation et de la menace intérieure, avec désormais 20.000 individus inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) dont 4.000 objectifs dits du « haut du spectre » suivis par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). La France est également devenu le pays occidental le plus touché par les actes de terrorisme liés au contexte syro-irakien, avec 15 attentats, 10 tentatives et 48 projets d’attentat entre 2013 et 2017. Le terrorisme djihadiste est devenu un véritable contentieux de masse. Au 15 mai 2018, le Parquet de Paris traitait ainsi 513 dossiers, dont 241 enquêtes préliminaires et 272 informations judiciaires, impliquant 1.620 individus3 . Cette charge, incombant à la section antiterroriste du parquet de Paris (section C1), ne cesse de s’alourdir. Depuis 2012, la section antiterroriste du Parquet de Paris doit faire face à une croissance exponentielle du nombre de dossiers de terrorisme djihadiste, passant de 10 dossiers en 2012 à 240 en 2016. En 2017, le nombre de dossiers a baissé en raison de la contraction des départs sur zone due à la perte d’attractivité de l’EI résultant de son repli territorial. Cette croissance s’observe également au stade du jugement, avec une augmentation de plus de 250% du nombre de condamnations pour association de malfaiteurs terroriste délictuelle entre 2012 et 2017.