La situation ukrainienne est dans une impasse. Que se passe-t-il ? Pour Lucien Cerise, c’est là le résultat d’une guerre hybride, dépourvue de limites et menée par l’OTAN. Que s’est-il vraiment passé en Ukraine depuis 2013? La situation dans le pays est peu traitée par les médias, et surtout peut-être, mal traitée. Alors si vous le voulez bien chers auditeurs, faisons chers auditeurs, un petit retour sur les événements de l’hiver 2013-14. Viktor Ianoukovytch avait annoncé son refus de signer l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, une semaine avant la signature prévue pour le 29 novembre 2013. Il réagissait au refus d’un prêt de 20 milliards par l’UE. A l’Est, la Russie avait quant à elle annoncé la levée des barrières douanières, la baisse du prix de son gaz et un prêt de 15 milliards de dollars à l’Ukraine… Ce revirement de Viktor Ianoukovitch a donc fait éclater le Maïdan et le Président dut fuir le pays, dans la nuit du 21 février 2014. Depuis, l’Ukraine est toujours dans une situation économique catastrophique. Mais ces dates et ces événements, nous les connaissons. Est-ce suffisant? Alors pour aller au fond des choses, nous recevons l’essayiste Lucien Cerise. Il a publié Retour sur Maïdan, La guerre hybride de l’OTAN, aux éditions Retour aux sources. Nous allons donc approfondir la réalité de cette guerre hybride. Pour Lucien Cerise, la situation en Ukraine est sans doute l’une des plus grandes escroqueries des dernières années: l’Amérique a fait main basse sur l’Ukraine mais la Russie est jugée coupable. « La ‘transitologie’ consiste à examiner comment exporter la démocratie, et à maquiller ces opérations de colonialisme en opérations spontanées. Comme en Ukraine. Les bombes peuvent être conventionnelles — des missiles — mais aussi informationnelles, mentales. Nous n’avons pas seulement affaire à des soldats sur un champ de bataille. Le champ de bataille, c’est aussi l’esprit des civils. » « Aujourd’hui, un des angles d’attaque de cette guerre hybride est la négation immédiate des faits qui induit des phénomènes de dissonance cognitive, de double pensée, où on est obligé de nier ce qu’on a sous les yeux. On est confronté à des discours qui relèvent de l’aberration intellectuelle. Cette guerre hybride est contenue potentiellement dans toutes les formes de guerre (…) « L’hégémonie américaine est pensée explicitement au moins depuis 1992 avec le projet de budget militaire signé par Wolfowitz. L’apparent retrait de la Russie par la déconstruction du bloc communiste a laissé libre cours à l’imaginaire colonial des Américains, des néoconservateurs notamment, et un certain nombre de textes sont apparus. Un projet d’hégémonie mondiale, de full spectrum dominance: tous les domaines de l’existence doivent être sous contrôle atlantiste. (…) D’après McKinder, qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle la Russie, et qui contrôle la Russie contrôle l’île Monde, et qui contrôle celle-ci contrôle le Monde. Ces intérêts capitalistes anglo-saxons passent par tous les moyens. Ils recrutent des supplétifs dans tous les milieux. L’essentiel est que vous ayez envie de vous battre contre les ennemis désignés par Bruxelles ou Washington. L’essentiel, ce n’est pas vos idées. (…) Kolomoïsky, milliardaire juif, sponsorise Pravy Sektor ou les milices paramilitaires. On est au maximum de toutes les contradictions possibles en Ukraine. » « Pour que la candidature d’un pays soit recevable à l’OTAN, un pays doit être en paix à l’intérieur de ses frontières. Ce n’est pas le cas de l’Ukraine, il y a une guerre civile. Alors comment nier le fait qu’il y a une guerre civile? Comment masquer la guerre civile dans l’est du pays? Une fois que cela sera fait, l’Ukraine rentrera dans l’OTAN. C’est en cours de résolution. L’Ukraine entrera dans l’OTAN et l’Union européenne. Directement ou par statut associé. Le régime sans visas est en cours, fondamentalement: tout va bien pour Bruxelles. L’Ukraine est amarrée. »